Le cnam mag' #3 - page 12

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Décryptage
Q
ui connaît le Katanga, province de la République
démocratique du Congo, d’une taille proche de
celle de l’Espagne et peuplée de 6 millions d’habi-
tants, secouée depuis plusieurs années par les affronte-
ments entre les milices Maï-Maï et l’armée congolaise?
Dans l’indifférence générale, 600 000 personnes vivent
dans l’insécurité et subissent les trois fléaux des popula-
tions déplacées en milieu tropical : rougeole, paludisme,
et choléra. En absence de structures étatiques opéra-
tionnelles, le Haut commissariat des Nations unies pour
les Réfugiés (HCR) et des ONG comme Première
Urgence Internationale ou Médecins sans frontières
tentent l’impossible : protéger les populations, les nour-
rir, reconstruire les routes, apporter des soins...
La rougeole, maladie d’apparence bénigne, tue jusqu’à
10% des enfants de moins de cinq ans s’ils souffrent de
malnutrition aiguë. C’est la première urgence vaccinale
des camps de réfugiés, où la densité des populations
peut conduire à des épidémies explosives. Dans le
contexte du Katanga, où la couverture vaccinale est
faible, toute la difficulté réside dans l’acheminement des
vaccins sans rupture de la chaîne de froid jusqu’aux
zones les plus reculées. Le paludisme, endémique dans
la région, flambe au contact des populations non
immunes déplacées par les conflits. Moustiquaires
imprégnées d’insecticides, diagnostic et traitements
sont efficaces et peu coûteux, encore faut-il y avoir
accès. Enfin, la présence du choléra témoigne de condi-
tions d’hygiène précaires. Réhabiliter les réseaux d’eau
en zone urbaine, installer des filtres, et vacciner les
populations les plus à risque, sont les urgences du
moment.
L’exposition
Out of Home
, actuellement présentée à
Paris sur les grilles du Conservatoire est importante.
Car, derrière l’apparence paisible de certaines images,
le danger, pour les populations déplacées, c’est l’oubli.
Arnaud Fontanet
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Le Code du travail est-il
vraiment trop gros?
Quelle est la situation
sanitaire au Katanga?
N
on, le Code du travail n’est pas trop gros ! Il paraît
souffrir d’une surchage pondérale, certes, tout le
monde s’accorde pour le dire, mais si c’était vrai-
ment le cas, cela concernerait aussi le Code de com-
merce, le Code civil, et bien d’autres codes encore… Il
n’est pas trop gros, il est le résultat de 175 ans d’avancées
sociales ! Mais, s’il n’est pas gros, il est en revanche bien
malade.
Notre bon vieux Code du travail est malade parce que
d’années en années, de lois en lois qui s’empilent les unes
sur les autres, se chassent parfois, ou se remplacent, il
en est arrivé à une complexité et à une opacité qui
rendent malaisés les rapports sociaux. Pour com-
prendre le Code du travail aujourd’hui, il faut d’abord un
bon éditeur juridique, puis un avocat brillant, un
excellent comptable, ensuite un professeur inspiré (du
Cnam, bien sûr !), des formateurs experts, et enfin un
bataillon de juristes motivés pour aider les employeurs
et les salariés à comprendre leur quotidien !
Notre Code du travail est malade parce qu’il a aussi
perdu le sens des réalités ! Bon nombre de règles exis-
tantes sont complètement déconnectées de l’évolution
du travail, des relations salariales, des besoins écono-
miques des entreprises. Par exemple, la réglementation
sur les contrats à durée déterminée, date de 1972! Aucun
employeur en France n’est plus en mesure de respecter
la rigueur absolue des règles liées au CDD : délais de
transmission, rédaction des contrats, délai de carence,
et à la moindre erreur, une sanction impitoyable : la
requalification en CDI ! Autre exemple, le droit de la
durée du travail, d’une technicité si redoutable que per-
sonne n’y comprend plus rien. Ce ne sont pas les
35 heures qui sont en cause, mais tous les mécanismes
sur la durée du travail, qui se superposent les uns aux
autres, RCR, COR, JRTT, CAHS et j’en passe !
Si respect et protection des salariés au travail sont l’ob-
jectif majeur du législateur, cela doit pouvoir se concilier
avec une remise en cause nécessaire de nombreuses
règles, dans un souci de clarification et de cohérence,
afin de permettre leur adéquation avec l’évolution de la
vie au travail !
Anne Le Nouvel
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