Henri Grégoire

Made in Cnam

Fondateur du Conservatoire des arts et métiers (1794)


L'abbé Grégoire au Cnam vu par C215

Dire de l’abbé Grégoire qu’il avait des convictions serait un euphémisme. «L’homme le plus honnête de France» selon Stendhal n’était en effet pas du genre à brasser du vent. Henri Jean-Baptiste, c’est un peu Des paroles et des actes faits homme.

Jeune curé du petit village lorrain d’Emberménil (342 habitants en 1782), il offre à ses paroissiens aussi bien ses sermons enflammés que l’accès à sa bibliothèque, riche en traités sur l’agriculture, l’hygiène, les soins vétérinaires…

L’éducation avant tout! Mais aussi l’abolition des privilèges, de l’esclavage, de la peine de mort, les droits civils pour les juifs, le suffrage universel, la liberté de culte, de la presse… C’est donc un curé politique, prolifique et pas vraiment conservateur que la tempête révolutionnaire de 1789 propulse député à Paris. Forcément, avec de telles convictions, on ne se fait pas que des amis. Preuve de la modernité de ses engagements, sa hiérarchie finira par le désavouer: elle lui reprochera jusqu’à sa mort le serment qu’il prêta à la constitution civile du clergé le 27 décembre 1790.

Pas du genre à céder, Grégoire ne reviendra jamais dessus. «Je suis comme le granit, on peut me briser, mais je ne plie point», déclara-t-il un jour avec emphase. Grégoire manquait peut-être de modestie, mais certainement pas de détermination. On comprend pourquoi l’historien Jules Michelet l’appela «l’homme à la tête de fer».

Durant toute la période révolutionnaire, il aura ainsi lutté, bataillé, défendu ses idées. Avec des résultats concrets qui forcent et qui lui ouvriront, certes tardivement, les portes du Panthéon en 1989. Des exemples ? La paternité partagée de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Et bien sûr la fondation du Conservatoire des arts et métiers, en 1794, qui 220 ans plus tard reste à la pointe de la formation professionnelle en France.

Victor Haumesser