Le Cnam mag' #8 - page 13

mag'
11
je suis le seul projeté au-devant de la scène alors que les
180 projets menés par Créaholic ont été réalisés en
équipe.
Ce genre de prix a le mérite de permettre aux jeunes de
regarder chacune des histoires qui se cachent derrière
les 15 nominé·e·s. Il encourage ainsi les nouvelles géné-
rations à se passionner pour la science, la technique et
l’inventivité. La curiosité est la mamelle de l’innovation.
Trente ans après la création de Swatch, les
conditions pour créer et entreprendre ont-elles
changé?
Il est plus facile aujourd’hui de créer car nous avons des
moyens technologiques plus performants et plus précis
comme les machines 3D et Internet. Nous avons désor-
mais un accès plus facile à l’information et à la simula-
tion. Nous avons également des soutiens beaucoup plus
grands qu’auparavant comme le
crowdfunding
et les investisseurs.
Mais nous avons été trop poussés à
l’analyse abstraite et à l’intellectuali-
sation alors qu’en réalité le « faire»
est la clé du succès.
Je vais être volontairement provocateur en utilisant la
métaphore de la matriarche. Un week-end créatif
brainstorming, c’est juste de la «partouze», cela ne sert
à rien !
La créativité doit aboutir à la conception de produits.
L’industrie et les services sont comme des mères qui
veulent des enfants utiles et adultes. Alors que les créa-
tifs sont des pères qui veulent des gosses toutes les
nuits. Les sociétés américaines ont bien compris qu’il
était difficile de tomber enceinte. Elles ont choisi d’adop-
ter des bébés
in vitro
. L’art des États-Unis ne consiste
pas en la création de nouvelles idées mais bien en l’adop-
tion de start-ups à fort potentiel pour les faire croître.
Les start-ups qui ont été créées à partir d’application ou
d’Internet, se constituent vite et avec peu d’énergie.
Comme les grenouilles qui naissent en grand nombre et
sont dévorées par plusieurs prédateurs, sur 1 000 start-
ups de type
makers
, trois subsisteront.
Le modèle européen repose lui sur la nidification. Les
entreprises se concentrent sur l’agilité et la rapidité,
(nous n’avons jamais vu un oiseau voler avec ses œufs
sous les ailes). Créaholic fait de la nidification depuis
30 ans. Nous vivons à 95% des services que nous procu-
rons aux entreprises. Nous avons accepté de n’être que
des géniteurs.
Est-ce que vous pensez que le
Big Data
va être au
centre de l’innovation de demain?
Le
Big Data
changera fondamentalement plein de
choses. Actuellement, il est perçu comme un système
d’espionnage. Les entreprises récupèrent de la
data
et
observent les habitudes consumériales de leurs clients.
Le
Big Data
permet ainsi d’analyser les ventes, les pro-
cess et les résultats. Il contribue à
diminuer le temps de réponse entre
le consommateur et le producteur.
Nous produisons donc mieux et sans
gâchis.
Demain, inversement la
data
bénéfi-
ciera prioritairement au consommateur. Cette révolu-
tion extraordinaire apportera une transparence et une
prise de responsabilité plus grande, ainsi qu’une infor-
mation plus ciblée. L’innovation et le progrès ne sont rien
d’autres que la facilitation de notre cadre de vie pour
améliorer la qualité du temps limité dont nous disposons
sur Terre.
Propos recueillis par Sophie Grallet
et Aurélie Verneau
Actualités
Un week-end créatif
brainstorming,
c’est juste de la «partouze»,
cela ne sert à rien
1...,3,4,5,6,7,8,9,10,11,12 14,15,16,17,18,19,20,21,22,23,...52
Powered by FlippingBook