Le cnam mag' #9 - page 12

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Décryptage
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Le terrain de foot,
terre d’inégalités?
D
ans quelques mois, la Coupe du monde de foot-
ball 2018 rassemblera en Russie plusieurs cen-
taines de footballeurs professionnels de haut vol.
Or, si on met souvent en avant les émoluments mirobo-
lants de certains joueurs, seule une toute petite partie
des footballeurs – la plus visible dans les médias – est
privilégiée, reçoit des salaires très élevés et a une longue
carrière. Car, le maître mot du marché du travail des
footballeurs est « inégalités». Les moins connus – voire
inconnus, soit la grande majorité des footballeurs – ont
de faibles salaires et une carrière très courte. En effet,
une fois cette dernière entamée, le risque qu’elle s’arrête
brutalement – pour cause de blessure ou tout simple-
ment parce que le joueur ne trouve pas de club tant la
concurrence est rude – est relativement fort. La durée
moyenne d’une carrière en première division en Europe
est d’environ cinq ans avec de grandes disparités entre
les stars et les autres. Les salaires moyens sont plus
hétérogènes dans les championnats européens car ils
dépendent en grande partie des droits télévisés.
L’hétérogénéité est encore plus grande si on élargit
l’analyse au monde. Intéressons-nous à quelques pays
qualifiés à la Coupe du monde 2018 et à une statistique
publiée fin 2016 par la Fédération internationale des
joueurs professionnels (Fifpro) : la plupart des joueurs
rémunérés touche moins de 1000 $ par mois. Dans le
monde, 45% des footballeurs professionnels sont dans
ce cas, avec un record pour le Ghana (plus de 99%). Ils
sont environ 2% pour les grands championnats euro-
péens. Évidemment, il faut replacer les salaires dans le
contexte de chaque pays ; au Ghana, le salaire moyen est
de 150$. Parmi les équipes qualifiées en Europe (et dont
l’information est disponible), la Serbie détient le record
avec les deux-tiers des joueurs professionnels payés
moins de 1000$ par mois (le salaire moyen en Serbie est
légèrement supérieur à 400 $). L’Islande, le chouchou
des supporters de l’Euro 2016, n’est pas en reste puisque
42% des footballeurs sont payés moins de 1000$, alors
même que le pays bénéficie d’un PIB/habitant parmi les
plus élevés du monde et d’un salaire moyen de 3500 $
mensuel… Le plus surprenant est qu’au pays du football
et de la samba, 83% des footballeurs professionnels
sont payés moins de 1000 $ par mois (c’est environ le
salaire moyen). Mais au Brésil, les bons footballeurs sont
si peu rares qu’ils en deviennent peu chers !
Richard Duhautois
L
a France a décidé de mettre en place un étiquetage
nutritionnel simplifié sur la face avant des embal-
lages : le Nutri-Score est destiné à informer les
consommateurs de façon simple sur la qualité nutrition-
nelle des aliments (arrêté du 31 octobre 2017). La justifi-
cation d’une telle mesure repose sur :
• les grands enjeux de santé publique liés à la nutrition,
notamment son rôle majeur dans le développement
de l’obésité, de nombreux cancers, des maladies car-
diovasculaires, du diabète ;
• la nécessité de mettre en place des mesures permet-
tant d’orienter les choix des consommateurs vers des
aliments de meilleure qualité nutritionnelle, tout en
incitant les industriels à améliorer la recette des ali-
ments qu’ils produisent.
Conçu par notre équipe de recherche en Épidémiologie
nutritionnelle (Eren), le logo Nutri-Score repose sur une
idée simple : traduire les chiffres et termes difficilement
lisibles et compréhensibles des tableaux situés sur le dos
des emballages en un logo simple placé sur la face avant.
Ce logo coloriel (cinq couleurs du vert/A au rouge/E)
offre aux consommateurs, d’un simple coup d’œil, la
possibilité de reconnaitre et comparer la qualité nutri-
tionnelle des aliments au moment de leurs achats. En
effet, ce logo permet de différencier la qualité nutrition-
nelle des aliments appartenant à des familles diffé-
rentes, ou à l’intérieur d’une même famille, d’un aliment
à l’autre, voire entre les aliments du même type mais de
marques différentes.
Les études épidémiologiques sur de larges populations
ont mis en évidence que ce logo était mieux compris,
mieux perçu, et qu’il avait un impact plus important sur
la qualité nutritionnelle des paniers d’achat des consom-
mateurs que d’autres logos nutritionnels. Si certains
industriels se sont engagés à mettre le Nutri-Score sur
leurs produits, de grandes multinationales continuent à
s’y opposer… Pourtant même si cette mesure n’est pas à
elle seule suffisante pour régler tous les problèmes
nutritionnels de la population, elle constitue un élément
fort d’une politique nutritionnelle de santé publique pour
la prévention de l’obésité et des maladies chroniques.
Serge Hercberg
Le logo Nutri-Score :
de la recherche aux
emballages des aliments
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