Le cnam mag' #9 - page 17

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Actualités
Direction, l’Afrique
Beaucoup d’établissements d’enseignement supérieur français ont privilégié l’Asie comme cible
prioritaire. Peut-on véritablement inverser cette tendance et choisir désormais l’Afrique de manière
volontariste ? C’est bien l’enjeu multiforme que pose la question des nouveaux équilibres géopoli-
tiques et démographiques qui se dessinent : 22 millions d’étudiants supplémentaires en Afrique en
2030.
B
eaucoup de pays africains expriment une
demande de formation qu’ils ne peuvent actuelle-
ment satisfaire. Lors de leur venue récente, les
présidents Macky Sall ou George Weah ont souligné
combien ils souhaitaient s’appuyer sur le Cnam pour
répondre aux besoins du Sénégal et du Liberia. Besoin
de nouveaux outils pour répondre aux enjeux de profes-
sionnalisation, comme en témoigne remarquablement le
ministre sénégalais de la formation professionnelle dans
ce même numéro (voir pages 12-13). Besoin aussi de nou-
veaux outils de diffusion, principalement numériques,
pour faire face à une demande exponentielle. Cette
demande apparaît dirimante pour permettre à la fois de
répondre aux attentes d’une partie croissante des actifs
de la population, à commencer par la jeunesse, et pour
susciter l’adaptation nécessaire aux nouveaux défis
économiques.
Des initiatives à co-construire
Bien sûr, toute initiative franco-africaine doit se faire sur
des bases ambitieuses, respectueuses, vertueuses. Le
mot-clé est bien celui de co-construction : entre gouver-
nants du Nord et du Sud, entre décideurs écono-
miques… Toute nouvelle action doit veiller à ne pas
doublonner l’existant et à respecter les grands équilibres
présents. Et puis il s’agit surtout d’éviter de favoriser le
brain drain
. Certains établissements hexagonaux recon-
nus développent des formations de dirigeants très inter-
nationalisées qui provoquent deux conséquences
fâcheuses : l’endettement des familles sur place et le
départ à terme des néo-cadres loin de leur pays d’ori-
gine. Agir en Afrique suppose donc d’être en mesure de
proposer une offre et/ou une expertise adaptée et en
même temps d’en faire un levier de la croissance écono-
mique et sociale.
Une labellisation franco-africaine
Plus que jamais, la France doit parler d’une seule voix
quand elle souhaite renforcer son attractivité et son
rayonnement. Les établissements nationaux doivent
constituer des consortiums cohérents pour éviter toute
concurrence stérile et aussi pour disposer d’un soutien
cohérent des forces du réseau diplomatique ou culturel
dans son ensemble. C’est le pari pionnier engagé autour
de la création d’un campus franco-sénégalais d’avenir. À
cette vraie coalition volontariste d’établissements, doit
répondre une coordination efficiente de tous les opéra-
teurs nationaux sur place. Un tel rapprochement n’aura
de sens que s’il débouche sur un projet parfaitement
intégré entre les deux pays.
En définitive, une initiative avant-gardiste et cohérente
permettra de répondre à des enjeux majeurs. Enjeu du
développement des entreprises françaises et sénéga-
laises. Enjeu de la réussite professionnelle des jeunes et
des actifs au Sud comme au Nord. Et puis enjeu d’une
culture commune, à commencer
par la langue. Pour réussir à
«réenchanter» la relation franco-
africaine comme l’a demandé le
président de la République, il fau-
dra capitaliser sur les bonnes pra-
tiques. Et le Cnam s’en veut l’écho.
Certains étudiants libériens se for-
ment ainsi au français avec notre partenaire ivoirien de
l’Institut national polytechnique avant de suivre des for-
mations francophones d’excellence en statistique. Une
belle leçon de francophonie ! Une expérience parmi
d’autres à partager, à essaimer, à industrialiser.
Olivier
Faron
Agir en Afrique suppose
d’être en mesure de proposer
une offre et/ou une expertise
adaptée et en même temps
d’en faire un levier de la
croissance économique
et sociale
Si depuis 1975, le Cnam est partenaire de l’Institut
national polytechnique Houphouët-Boigny (INP-HB) en
Côte d’Ivoire, l’établissement a depuis essaimé sur le
continent africain. En Côte d’Ivoire, au Maroc et à
Madagascar, trois centres du Cnam proposent ainsi
aujourd’hui des formations adaptées aux besoins
locaux. Au total, le Conservatoire est présent dans 20
pays africains.
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