Le cnam mag' #3 - page 37

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classiques entre soi. Le réseau attend un appui dans sa
réflexion, celui de ceux qui, en contact avec la jeunesse,
avec la mémoire, avec l’analyse concrète et l’innovation,
sont en capacité de proposer, de conseiller.
Notre organisation s’insère donc dans ce nouveau
modèle de coopération qui donne la priorité à des instru-
ments comme l’appui institutionnel, le transfert de
savoir-faire, l’échange d’expertise, la formation des res-
sources humaines et le développement. Les universités,
institutions qui, historiquement, ont contribué à faire la
ville, constituent un domaine privilégié de cette coopéra-
tion internationale, non seulement car elles disposent
des ressources humaines qualifiées, mais également
parce qu’elles constituent un espace d’éducation, de sen-
sibilisation au développement, qui leur permettent de
participer à des initiatives internationales des collectivi-
tés locales, avec d’importantes contributions en matière
de coopération technique.
Les métropoles, qu’elles soient nationales ou internatio-
nales doivent, avec les universités, améliorer le service
public grâce à l’accès à de meilleures techniques, former
les élus et leurs collaborateurs, accéder à d’autres
sources de financement, promouvoir la mise en place de
nouveaux liens, la tolérance et la compréhension inter-
culturelle, renforcer localement la cohésion sociale, pro-
mouvoir le développement économique local, doter la
collectivité locale d’une visibilité internationale et renfor-
cer sa capacité de négociation avec l’État. Il ne s’agit
donc pas de traiter des déficiences structurelles et les
besoins de base des groupes vulnérables des villes, mais
d’aider les gouvernements locaux, avec leurs propres
moyens techniques, de faire face à ces défaillances. En
somme, l’objectif de ces partenariats avec les universités
et leurs instituts de recherche, est d’améliorer l’exercice
des fonctions de base de l’administration publique locale
pour faire de la ville une ville durable, nécessairement
bâtie sur des solidarités avec des stratégies d’économie
de ressources, de gestion des flux, d’équité sociale, de
cohésion entre les territoires.
Au-delà de ce renforcement individuel des collectivités
locales, ces partenariats doivent influencer d’autres pro-
cessus, comme la décentralisation et la coopération
transfrontalière. Il s’agit aussi de contribuer à la valori-
sation à l’international des savoirs et des savoir-faire des
collectivités locales. C’est ce qui est fait à travers la
revue
Raisonnance
éditée par l’AIMF auquel participe le
Cnam.
Un partenariat avec le Cnam pour créer des
stratégies innovantes de développement
Les villes ont créé des problématiques particulières en
termes de gestion dans une situation d’instabilité, de
complexité locale et des jeux de ses acteurs, de faiblesse
de l’État de droit ou de la fonction publique locale. Dans
ce contexte, le Cnam, en raison de ses traditions, de ses
dynamiques, de son orientation sociale, est en capacité
d’apporter l’appui qu’attend l’AIMF pour construire ses
plaidoyers sur la ville durable, la ville autonome et la ville
inclusive, pour que le réseau mondial des élus locaux
francophones soit reconnu et respecté, pour que ses
membres continuent de débattre librement, bien infor-
més sur les enjeux qu’ils affrontent, avec la volonté de
lutter démocratiquement contre les conflits et les divi-
sions qui affaiblissent les territoires.
Avec le Cnam, il importe d’imaginer des stratégies de
développement innovantes. L’explosion démographique,
la mondialisation, le changement climatique, les crises
sociales qui en résultent, ne permettent plus de repro-
duire les modèles de transition économique du siècle
dernier. L’Europe du Nord, l’Asie, l’Amérique, n’ont pas
été confrontées à ces problématiques.
Un intérêt particulier pour l’Afrique
L’Afrique, elle, voit sa marge de manœuvre limitée et sa
vulnérabilité face aux menaces environnementales,
grandir. Le changement climatique fait planer sur les
plus pauvres des pénuries en matière de ressources
agricoles, d’eau potable et de ressources forestières. Les
solutions à apporter collectivement dépendront du
contexte local et des analyses qui seront produites. Là
est notre rôle.
L’Afrique pourrait ouvrir la voie à une croissance verte et
à la transition énergétique dont le monde a besoin. Au
bout du compte, s’il n’existe certainement pas de solu-
tion unique aux problèmes de transformation structu-
relle de l’Afrique, les moteurs du changement seront
différents des ceux que nous connaissons et il est impor-
tant que le réseau des élus locaux francophones, en lien
avec le Conservatoire, s’approprient cette réflexion afin
que le développement territorial puisse promouvoir l’in-
clusion spatiale et qu’il libère le potentiel économique.
Ensemble, nous devons nous attacher au défi que repré-
sentent les villes d’Afrique, notamment les villes franco-
phones, sur leur rôle dans le développement des États
auxquels elles appartiennent.
Ensemble, nous devrons porter la réflexion sur l’évolu-
tion de leurs relations avec les campagnes, sur le renfor-
cement des réseaux de villes intermédiaires, sur
l’accompagnement de la transition vers des métropoles
durables, sur l’adaptation des services face à l’explosion
démographique, sur le développement de nouvelles acti-
vités économiques productives, notamment dans le sec-
teur informel, afin de répondre à l’augmentation de la
main d’œuvre disponible. Quel plaidoyer pour rendre le
secteur informel plus rentable ? Quel peut être le rôle
des maires pour lever les freins qui permettront aux
entrepreneurs d’exploiter tout le potentiel de produc-
tion ? Quelles initiatives prendre pour améliorer les
capacités du secteur informel ? Comment contribuer à
créer des zones urbaines fonctionnelles?
Comme le manque de statistiques locales nous inter-
pelle, il importe de développer des approches innovantes
permettant de définir des priorités. Le processus partici-
patif que seul un maire est en mesure d’initier doit per-
mettre d’élaborer des scénarios pour l’avenir et à
déterminer des priorités de politique publique.
L’innovation sera dans la prise en compte du local au
niveau national. Et je suis sûr que le Cnam apportera à
l’AIMF sa manière de faire, son expérience, son état d’es-
prit, pour faire progresser la réflexion du réseau mon-
dial des élus locaux francophones.
Pierre Baillet
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