Le cnam mag' #4 - page 12

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mag'
Décryptage
É
branlé fin 2015 par le scandale des moteurs diesel,
qui se traduit par le rappel de 11 millions de véhi-
cules dans le monde, le groupe Volkswagen repart
à l’offensive sous la houlette de son nouveau patron,
Matthias Müller. Dans une interview récente à la presse
française, celui-ci explique «
qu’il existe un décalage
entre les normes d’émissions pour les moteurs diesel et
l’utilisation réelle d’un véhicule. Avec les nouveaux tests
en préparation, les écarts existeront toujours, mais
seront atténués
. »
Dans cette affaire, les polluants les plus incriminés sont
les oxydes d’azote et les particules. La Commission
européenne a ainsi diligenté une étude sur quinze véhi-
cules pour déterminer ce qui pouvait se passer en
termes d’émissions à l’échappement lorsque que l’on
sort des conditions normalisées. Trois voitures améri-
caines faisaient partie de la batterie de tests, et c’est
parmi elles que se trouvaient les deux Volkswagen incri-
minées dans le
Dieselgate
. C’est d’ailleurs cette étude qui
est à l’origine de la révélation de la « triche » du
constructeur automobile allemand. Suite à ces révéla-
tions, le gouvernement français a ordonné de son côté
de tester une centaine de voitures dans les mêmes
conditions. Ces essais sont en cours et, si les résultats
complets ne sont pas encore disponibles, certains
constructeurs ont déjà fait l’objet d’un rappel à l’ordre.
Ces analyses croisées sur les évolutions de la qualité de
l’air et les conditions actuelles d’homologation montrent
qu’il convient d’améliorer la situation. Le rôle principal
de ces essais est en effet de mesurer les gaz polluants et
l’émission de dioxyde de carbone, et finalement d’esti-
mer la consommation du véhicule. La cible visée à l’hori-
zon en 2020 est de limiter les émissions à 95g de dioxyde
de carbone par kilomètre. En ce qui concerne les cycles
actuels de normalisation des véhicules automobiles,
l’homologation est réalisée sur un cycle normalisé dont
le but est la mesure de rejet des gaz polluants et de
dioxyde de carbone dans des conditions rigoureusement
identiques en termes de vitesse, d’accélération, de chan-
gement de rapport et de paramètres atmosphériques.
L’homologation est alors réalisée en laboratoire sur un
banc à rouleaux en maintenant des conditions itératives
afin d’effectuer des comparaisons entre les différents
véhicules commercialisés. Bien évidemment, il y a des
inconvénients à cette pratique, en particulier le manque
de réalisme en situation réelle puisque que les construc-
teurs optimisent leurs véhicules pour offrir les meilleurs
résultats.
Adrian Clenci et Georges Descombes
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Que peut-on dire du
Dieselgate?
L
e virus Zika, isolé pour la première fois en Afrique
en 1947 et transmis par les moustiques du genre
Aedes, est resté longtemps peu connu de la com-
munauté scientifique et médicale. Une première épidé-
mie dans l’île de Yap en Micronésie en 2007 laissait
entendre qu’il était bénin : la plupart des personnes
infectées ne développaient pas de symptômes, et celles
qui étaient malades avaient tout au plus une fièvre, une
éruption cutanée, des douleurs articulaires et une
conjonctivite qui disparaissaient en quelques jours. En
2013-2014, une nouvelle épidémie en Polynésie française
s’était accompagnée d’une augmentation importante du
nombre de cas de syndromes de Guillain-Barré, une
forme grave de paralysie des membres avec atteinte res-
piratoire nécessitant parfois un passage en soins inten-
sifs. Depuis, le virus Zika a gagné l’Amérique latine, où
plusieurs pays signalent une augmentation du nombre
de cas de syndrome de Guillain-Barré, et également une
augmentation de naissances d’enfants atteints de micro-
céphalie pour lesquels se pose la question d’un lien avec
une infection de la mère par le virus Zika pendant la
grossesse.
Dans un travail récemment publié dans la revue
The
Lancet
, nous avons avec nos collègues de Polynésie fran-
çaise confirmé la présence d’une infection récente par le
virus Zika chez les 42 patients atteints de syndrome de
Guillain-Barré à l’époque de l’épidémie de 2013-2014. Le
risque de développer un syndrome de Guillain-Barré a
été estimé à 2,4 pour 10000 infections par le virus Zika,
risque faible à mettre en regard d’un taux d’attaque de
l’épidémie très élevé : les deux tiers de la population de
Polynésie française ont été infectés lors du passage de
l’épidémie. La nécessité d’hospitaliser en réanimation
pour assistance respiratoire 30 à 40 % des patients
atteints de syndrome de Guillain-Barré fait que les pays
atteints par l’épidémie doivent prévoir, là où c’est pos-
sible, un nombre suffisant de lits de soins intensifs pour
faire face à l’afflux de patients lors du pic épidémique.
Dans la mesure où il n’existe ni traitement, ni vaccin
contre ce virus, la priorité est à la lutte contre les mous-
tiques qui le transmettent, avec un bilan malheureuse-
ment très mitigé.
Arnaud Fontanet
Le virus Zika : un virus
pas si inoŒensif que cela
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