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Des compacteurs SNCF
made in le Cnam!
T
out commence par une réunion du Réseau SNCF
au féminin, qui compte tout de même quelques
hommes parmi ses membres. Hors hiérarchie et
hors métier, ce réseau planche sur deux sujets par an. À
cette époque, dans la perspective de la COP21, la pro-
preté dans les gares fait débat, puis le recyclage des
déchets en particulier. L’idée du compacteur est lancée !
Et comme le marché n’est pas encore saturé par la
concurrence, on se dit qu’il est temps que d’autres pro-
jets voient le jour.
Dès lors, nous sommes alors au printemps 2015, le
bureau Matériel et systèmes de SNCF se demande si une
école ne serait pas le meilleur moyen pour développer un
tel programme. «
Les jeunes fourmillent d’idées
neuves»,
explique Christine Anstett, adjointe au direc-
teur délégué du bureau Matériel et systèmes. «
De sur-
croît, un tel projet ne pouvait être que motivant pour eux.
Et la crédibilité du Cnam n’est plus à prouver, c’est pour
cela que nous l’avons choisi.
»
La proposition faite aux apprentis ingénieurs en méca-
nique est la suivante : concevoir un système innovant
destiné à réduire drastiquement les quantités indus-
trielles de gobelets et de canettes qui, dans les gares,
débordent des poubelles. Les troisième année sont sur le
terrain, les première année encore trop neufs dans le
métier. On mobilise alors la vingtaine d’apprentis de deu-
xième année. Ils n’ont pas encore commencé leur
séquence industrielle, ni même entamé leur troisième
année. Ils la commenceront au mois de septembre sui-
vant avec de quoi s’occuper : créer un compacteur origi-
nal et performant. Tout cela en plus des missions
confiées en entreprise prévues au calendrier scolaire…
«
Le cahier des charges fourni par la SNCF comportait
quatre critères
» explique Olivier Bélingard, gestionnaire
de plateforme pédagogique au Cnam, et qui, en cette
qualité, a encadré les élèves ingénieurs. «
Le tri et le
compactage des déchets étaient évidemment la
contrainte numéro un, mais il fallait aussi imaginer un
produit robuste, penser à l’aspect ludique du design et,
pour finir, conférer à la démarche un caractère attractif
pour le client
». Se sont alors organisés cinq groupes
d’étudiants pour réfléchir à la manière de créer cinq pro-
jets autour du même thème, et balayer l’ensemble des
étapes de la conception. Le tout dans un temps contraint
puisque la date limite pour le rendu des projets avait été
fixée à novembre.
Moins de deux mois plus tard, les apprentis ingénieurs
n’ont déçu personne. Après avoir longuement cogité,
encadrés par leurs professeurs, ils révèlent leurs cinq
projets qui proposent autant de solutions en matière de
technique que de design ou d’interactivité. Premier pro-
jet, Crushy, « le compagnon du recyclage », fonctionne
grâce à la rotation d’un cylindre doté d’ailettes cou-
pantes qui déchiquettent le produit. Vient ensuite Juke
Bin, « le recyclage en musique », qui broie le déchet
entre deux rouleaux à griffes tournantes. Place mainte-
nant à Kompact’r, qui « donne de l’air au recyclage »
grâce à un vérin électrique pour compacter le produit.
Pour Récupingouin, « l’ami du recyclage », on s’appuie
plutôt sur un système d’engrenage pour compresser.
Quant à Rortengi, enfin, pour qui « le recyclage devient
un jeu», il s’agit d’utiliser un mécanisme de tringlerie.
Chaque solution a fait l’objet d’une présentation officielle
au siège de SNCF, en janvier dernier. Et, face à ces pro-
jets prometteurs, l’entreprise pense désormais à l’étape
suivante qui permettrait de donner une autre dimension
aux proposition des apprentis ingénieurs : le prototy-
page. Pour cela, il s’agirait de reprendre les meilleurs
éléments des cinq projets pour aboutir à un résultat
viable, autour de deux ou trois prototypes. Avec un
objectif ambitieux : l’industrialisation ! Les discussions
sont en cours avec le Cnam de Saint-Denis. Un accord
de partenariat entre les deux acteurs pourrait ainsi voir
le jour d’ici le printemps.
Laurent Ibri
Ils pourraient devenir les réducteurs de déchets du futur, broyant le moindre emballage indésirable
se dressant en travers de leur route. Il se pourrait même qu’on les croise un jour dans les gares fran-
çaises. Pensés par les apprentis ingénieurs de Saint-Denis, ces compacteurs au mécanisme inventif
et au design séduisant attendent simplement leur heure…
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