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Décryptage
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00000 morts, 3 millions de réfugiés, 10 millions de
déplacés : le printemps arabe version syrienne a
cédé la place à un long hiver. Le croissant fertile
s’est transformé en croissant fébrile, gangrené par un
conflit qui entre dans sa quatrième année et participe
désormais de l’explosion géopolitique de toute une
région. Comment en est-on arrivé à ce naufrage?
Le «printemps arabe» faisait écho, dans notre mémoire
collective, à ce «printemps des peuples» annonçant en
1848 le basculement démocratique de l’Europe. La libé-
ration du peuple syrien semblait au bout du chemin. Il
paraissait suffire d’un coup de pouce de la communauté
internationale que tout justifiait : l’absolu cynisme d’une
dictature héréditaire particulièrement sanguinaire, le
déséquilibre des forces entre les combattants de la
liberté et les séides du pouvoir, l’escalade ininterrompue
de la violence pratiquée par un régime aux abois. Les
Occidentaux avaient fixé «une ligne rouge» : l’utilisation
d’armes chimiques contre le peuple. Et pourtant la ligne
rouge franchie, les Occidentaux sont restés l’arme au
pied.
Cette dérobade a été jugée sévèrement. Elle s’explique
toutefois par la complexité grandissante de la situation.
La guerre de libération du peuple syrien est devenue une
guerre gigogne, rendant toute intervention extérieure
aventureuse. Il y a d’abord le vieux conflit entre l’Est et
l’Ouest : la chute du régime syrien aurait privé la Russie
de toute influence directe en Méditerranée et entraîné un
réveil de la guerre froide. De plus, sur le plan religieux, la
défaite des Alaouites au pouvoir, minorité proche du
chiisme, par des Sunnites en voie de radicalisation, se
traduirait par une intolérance accrue à l’égard des
autres minorités religieuses, chrétienne en particulier.
Ce conflit, enfin, est géopolitiquement surdéterminé par
l’affrontement des Saoudiens et des Iraniens, qui se dis-
putent le leadership sur la région. Ultime complication,
la guerre entre Sunnites eux-mêmes qui menace toute
l’organisation territoriale issue de l’Empire ottoman et
fait désormais de
Daesh
et
Al Nosra
, les adversaires
principaux de l’Occident. Le Général de Gaulle se hasar-
derait-il encore aujourd’hui à s’envoler «
vers l’Orient
compliqué avec des idées simples
»?
Sabine Jansen
E
n décembre 2015, 200 chefs d’État et de gouverne-
ment se réuniront à Paris pour la 21
e
conférence
de l’ONU sur le climat. Les négociations, afin de
parvenir à un accord ambitieux et contraignant, s’ap-
puieront notamment sur le rapport 2014 du groupe d’ex-
perts intergouvernemental sur l’évolution du climat
(Giec), qui insiste sur l’impératif de réduction drastique
des émissions de gaz à effet de serre.
Avec 80% des émissions de l’Union européenne, la com-
bustion d’énergie est la première source de gaz à effet de
serre, tandis que le secteur des transports émettait 25%
des émissions en 2010 en France. Les questions de moto-
risation thermique dans les transports sont donc au
cœur des préoccupations relatives aux problèmes de
réchauffement climatique, de pollution atmosphérique
et de risques sanitaires. Les dynamiques de production
d’énergie propre et de réduction des consommations de
carburant, associées à un environnement économique
très contraint permettent de dessiner quelques ten-
dances lourdes pour les décennies à venir : mise en
œuvre généralisée de stratégies de moteurs à haute per-
formance énergétique, de cycles complexes de récupé-
ration, d’électrification et de stockage d’énergie,
d’utilisation d’énergies vertes dont la biomasse et
l’hydrogène.
Les projections les plus récentes montrent que les véhi-
cules à motorisation continueront d’occuper une place
prépondérante à l’horizon 2030. 70% des véhicules ven-
dus seront à motorisation thermique, 20% en hybride
rechargeable, 10% en tout électrique. À l’horizon 2050,
les véhicules à propulsion thermique ou hybride ther-
mique et électrique représenteront de l’ordre de 75% du
parc selon les zones géographiques et les usages.
Cette estimation est néanmoins encourageante : en
effet, les moteurs thermiques sobres en consommation
d’énergie primaire (atteignant une consommation de
l’ordre de 2L/100km) sont déjà à notre portée.
Il convient par ailleurs d’insister à la fois sur les
contraintes économiques prégnantes de ces nouvelles
stratégies incontournables dans un contexte internatio-
nal concurrentiel durable, ainsi que sur les pistes d’em-
plois émergents qui sont associées à cette dynamique de
transition énergétique.
Georges Descombes
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Les moteurs thermiques
ont-ils encore leur place
dans un futur propre?
Syrie : carrefour de
toutes les impasses ?