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des acquis de l’expérience pour une cinquantaine
d’inspecteurs de l’éducation nationale et, demain, il
appuiera la création d’un centre de formation en
mécanique automobile. Ces expériences pourraient faire
du Cnam, dans un proche avenir, un vecteur de la
formation pour des populations en situation de crise et
d’urgence, victimes de catastrophes naturelles ou de
conflits politiques.
Faire la francophonie, c’est privilégier les projets struc-
turants. Ce n’est ni délocaliser, ni co-localiser des forma-
tions, mais transférer de l’ingénierie et des compétences
dans un but d’autonomie. Au Maroc, le Cnam participe à
la création de l’établissement marocain de formation
tout au long de la vie, objet de la convention cadre signée
lors de la visite du président de la République française,
le 4 avril 2013. En Côte d’Ivoire, le Cnam crée, à la
demande du gouvernement ivoirien et dans le cadre du
contrat de désendettement et de développement, le
centre INPHB-Cnam Côte d’Ivoire, en partenariat avec
l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny.
Faire la francophonie, c’est aussi l’exigence de délivrer
les mêmes droits partout et à tous. Les diplômes que le
Cnam délivre à Paris, Rabat, Beyrouth, Port-au-Prince,
Abidjan ou ailleurs, ont la même
valeur. Ainsi, une élève marocaine,
titulaire d’une licence Cnam à Oujda,
a récemment accédé à un master de
l’Université de Montpellier. Et
demain, en partenariat avec les
acteurs économiques et sociaux, les
partenaires techniques et financiers internationaux,
notre établissement sera l’un des artisans majeurs de la
certification de la qualité des centres d’enseignement et
de formation professionnelle.
Mais, pour le Cnam, faire la francophonie, c’est surtout
impulser une diplomatie de confluence et non plus
d’influence. Une diplomatie qui soit le reflet d’une vision
partagée, au service de stratégies collectives. Il en ira des
équilibres futurs comme des modalités de prise de
décision à l’échelle multilatérale. En tant qu’acteur de la
coopération, le Cnam se doit de participer, notamment
aux côtés de l’Organisation internationale de la
francophonie (OIF), à cette évolution qui marquera les
relations internationales.
C’est aussi imposer l’idée d’une coopération inclusive,
processus global de transfert d’ingénierie et de
compétences en matière de formation, afin de prendre
en compte les besoins en formation des individus d’une
part, et la nécessité pour les acteurs du développement
économique et social de disposer de ressources
humaines qualifiées d’autre part, tout en impliquant les
pouvoirs publics et les institutions internationales.
C’est enfin savoir se décentrer pour mieux valoriser les
partenariats, en portant la notion de coopération Sud-
Nord-Sud. Lorsqu’en 2011, l’Association des enseignants
et chercheurs tunisiens en France demande au Cnam de
témoigner de son savoir-faire dans le cadre d’un sémi-
naire à Sousse, ce dernier privilégie la contribution d’une
collègue brésilienne, responsable du centre de prospec-
tive de la fédération de l’industrie du Paraná (Brésil),
pour expliquer la mise en place d’un processus de déve-
loppement territorial intégré, avec l’aide du Cnam.
Oui, l’espace francophone est une chance pour le déve-
loppement et la croissance durable. À condition que ses
membres agissent de manière inclusive et confluente ;
que les universités, associations et agences de dévelop-
pement qualifiées travaillent ensemble et de manière
complémentaire, selon leurs périmètres respectifs. C’est
dans cet esprit que le Cnam s’est engagé, fin 2014,
auprès de l’Association internationale des maires fran-
cophones (AIMF), pour le déploiement d’une formation
d’urbanisme au Laos. C’est dans ce but qu’il propose à
l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) de signer
une convention en 2015, pour mettre en synergie leurs
stratégies et leurs moyens, pour des programmes
conjoints de coopération au Moyen-Orient, en Europe
centrale et orientale, en Afrique et dans l’océan Indien.
Faire la francophonie, c’est donc être porteur d’un idéal
humain et, au-delà de l’aire francophone, promouvoir les
valeurs universelles dont nous sommes tous dépositaires
à travers notre histoire, faite d’enga-
gemensts pour la démocratie, la
liberté de penser et d’entreprendre.
C’est dans cet élan, après avoir insti-
tué une chaire Unesco dédiée aux
questions de formation des adultes
et avoir remis le doctorat
honoris
causa
à Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco,
que le Cnam souhaite soutenir l’inscription de la forma-
tion tout au long de la vie au patrimoine mondial immaté-
riel de l’humanité, comme la reconnaissance d’un droit
inaliénable pour chaque individu et toute communauté
humaine. Cette action, que l’abbé Grégoire aurait lui-
même portée, nous devons la mener ensemble, en
mémoire des valeurs qui nous guident et pour l’avenir
des générations futures.
Laurent Pérez
Mais, pour le Cnam, faire la
francophonie, c’est surtout
impulser une diplomatie de
confluence
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