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Portfolio
Exils syriens
Le Conservatoire accueille sur ses grilles, depuis le 17 décembre dernier,
Exils syriens
, une exposition présen-
tée en partenariat avec l’ONG Première urgence – Aide médicale internationale (PU-AMI). À travers 18 clichés
poignants, Édouard Élias y raconte les conditions de vie difficiles dans lesquelles vivent les réfugiés syriens au
Liban et en Jordanie. Ces photographies montrent également le soutien apporté aux populations sur le terrain
par les équipes de PU-AMI.
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nos expositions
virtuelles sur
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J
eune photographe indépendant de 23 ans, Édouard
Élias suit une formation à l’École Condé de Nancy
où il se passionne pour la photographie de guerre.
Il choisit d’effectuer ses premières armes de photore-
porter en Syrie et s’y rend une première fois durant l’été
2012 pour couvrir la guerre civile et y rencontrer des
réfugiés à la frontière turque. «
C’est auprès d’une
famille syrienne qui s’était réfugiée au sud-ouest de la
Turquie à Antachia que j’ai eue ma première expérience
de ce conflit. Ces gens m’ont raconté comment ça se
passait. Originaires de la région d’Alep, ils voulaient ren-
trer chez eux, ils pensaient que ce conflit n’allait pas
durer longtemps. J’ai passé une semaine avec eux puis
ils ont dû rentrer en Syrie et je n’ai pas pu passer la fron-
tière, empêché par les autorités turques. Sur les douze
membres de cette famille, quatre ont été tués dans les
bombardements la semaine d’après
».
Arrivé en Syrie, le photographe côtoie des personnes
engagées dans la rébellion, animées d’une très grande
volonté mais souvent mal organisées et inexpérimen-
tées. Ces groupes, armés de kalachnikov, pratiquent
alors un combat de rue où les bombardements, les tirs
de mortiers et les tireurs embusqués représentent le
principal danger. Lors de l’hiver 2013, le conflit s’enlise et
la relative liberté des journalistes s’amenuise. Leurs
déplacements deviennent même plus difficiles car les
fixeurs sont rétifs à les accompagner. La rumeur gronde
autour d’un nouveau front islamiste, le
Jabhal Al Nosra
(branche d’
Al Qaïda
en Syrie). «
La population commen-
çait à voir la révolution d’un mauvais œil car elle avait
tout perdu, et surtout l’espoir d’une résolution rapide du
conflit !
» Les conditions de vie des réfugiés dans les
zones frontalières se durcissent : la neige, la boue, le
froid, la mauvaise isolation des habitations… Plus tard, à
l’été 2013, «
c’était encore un peu plus compliqué et mon
reportage n’a pas duré très longtemps…
» explique-t-il
en évoquant à demi-mot son enlèvement.
En septembre 2014, mandaté par l’ONG PU-AMI, il part
deux semaines au Liban et une semaine en Jordanie.
Trois semaines, c’est un peu court pour un photographe
qui passe au moins un mois avec les mêmes personnes
au même endroit pour se faire accepter. «
Quand on
photographie quelqu’un, on lui enlève quelque chose. Un
combattant a encore une cause, un espoir, il se bat pour
quelque chose. Le réfugié par contre, a quitté sa maison,
sa région, il est parti sans rien. Il n’a plus que sa famille
et son honneur
». Le formidable travail effectué par les
équipes locales de l’ONG a compensé ce manque de
temps. Il a aussi permis à Édouard Élias de signer un
reportage très touchant sur la vie quotidienne des réfu-
giés syriens au Liban et en Jordanie.
SG
Première urgence - Aide médicale internationale
est
une ONG internationale à but non lucratif, apolitique et
laïque. Elle apporte une réponse globale à l’ensemble
des besoins fondamentaux des populations victimes de
crises humanitaires, dans l’urgence et jusqu’à leur per-
mettre de retrouver autonomie et dignité.
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