Le cnam mag' #4 - page 42

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C
’est d’ailleurs selon elle ce qui lui a permis d’exis-
ter dans le milieu encore très masculin de l’aéro-
nautique. Ce qui est certain, c’est que parcourir
avec succès toutes les étapes qui l’ont menée vers son
titre d’ingénieur, a renforcé sa conviction : «
Bats
toi pour tes rêves, mais n’oublie pas de t’émerveil-
ler lorsqu’ils se réalisent
».
Son épiphanie aéronautique survient à 14 ans,
lors de la visite de l’usine d’assemblage des
Airbus A380 à Toulouse, mais son rêve de
plus-lourds-que-l’air aurait pu s’écraser bien
vite : elle est orientée en série ES au lieu de S
et sa vocation bat de l’aile. Pourtant, elle rat-
trape vite ce léger décrochage après son
bac, en se lançant d’abord dans une remise
à niveau scientifique à l’Université d’Or-
say, puis dans un DUT Mesures physiques
et enfin dans les trois ans de formation à
l’École d’ingénieur du Cnam (EICnam).
Modestement, Julie assure que rien ne la dis-
tingue, et qu’elle n’est surtout pas plus intelli-
gente qu’un autre. Son secret ? Son
enthousiasme. «
Avec la motivation dont vous
faites preuve, nous sommes obligés de vous
prendre
», lui dira la psychologue qui lui fait
passer l’entretien d’admission à l’EICnam.
Idem pour Airbus : «
Je suis arrivée avec un grand sou-
rire en leur disant :
"C’est ce que je veux faire"
. Ça devait
tellement se voir que j’avais envie d’être là !
».
Et on comprend. Que ce soit lors de ses participations
aux vidéos, aux séances photos et même lors de notre
entretien, son enthousiasme est communicatif. Elle est
exactement à sa place, au milieu de ses rêves de
machines volantes. Pourtant, elle rechigne à parler
d’elle, mais accepte parce qu’elle a la conviction de l’im-
portance de ses messages : encourager les plus jeunes à
oser croire en eux, soutenir les jeunes femmes qui
hésitent à se lancer dans des études scienti-
fiques. Elle s’anime. Elle qui se définit
comme très peu politisée n’hésite pas à
hausser le ton pour défendre ses convic-
tions. Elle voudrait une orientation plus
attentive au potentiel des élèves, moins à
leurs résultats à un moment donné.
À force de creuser le sujet avec elle, on parvient
enfin à lui faire se reconnaître une qualité : elle a le
don de transformer en moteurs ses échecs. Comme
lorsqu’elle se retrouve tétanisée lors d’un examen oral
en première, incapable de parler. Elle garde cet épi-
sode en tête et construit dessus un mantra : «
Je ne veux
plus échouer
».
Mais son discours n’est pas naïvement individualiste.
Elle sait l’importance d’être soutenue, elle qui s’est bat-
tue pour gagner de l’assurance. Lors de son passage
chez Airbus, elle est volontaire pour participer à des
ateliers avec des écoliers. Elle leur présente son métier,
et les aide à imaginer leur avion du futur. Et leur répète,
inlassablement : «
Toi aussi, tu peux le faire
».
Victor Haumesser
Quatre dates
2008
:
baccalauréat,
série ES
2012
: DUT
Mesures
physiques à l’IUT
d’Orsay
2012 à 2015
:
alternance chez
Airbus dans
le cadre de sa
formation à
l’EICnam
2015
: diplôme
d’ingénieur en
aéronautique et
spatial du Cnam
Portrait
Julie avait la tête dans les
étoiles, avec le Cnam elle les
touche des doigts !
Pour celles et ceux qui s’en souviennent, c’était l’une des accroches de la campagne dédiée à l’ap-
prentissage en 2013-2015. Julie, c’est cette jeune femme blonde qui, alors apprentie ingénieure en
aéronautique et spatial, avait accepté de promouvoir le Conservatoire. Certains pourraient penser
qu’elle est un peu narcissique, qu’elle aime se mettre en avant… d’autant plus qu’elle a aussi été
«ambassadrice» pour Airbus, chez qui elle a e”ectué son apprentissage. En fait, Julie est une jeune
femme qui aligne les paradoxes. Elle déclare être timide, mais accepte de s’exposer dans ces rôles.
Elle se définit comme discrète, mais revendique son petit caractère.
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