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retenait à la faculté d’Alger ce 15 mars 1962, qu’il doit de
n’avoir pas avoir été massacré par un commando de
l’OAS, en même temps que ses cinq plus proches
collaborateurs.
L’expérience «cnamienne»
Le retour en France, avec sa femme et ses deux enfants,
est immédiat. Bertrand Schwartz le fait bientôt venir au
Cuces de Nancy. Il découvre des
méthodes pédagogiques, en milieu
ouvert ou professionnel, avec peu
d’apports didactiques, encore moins
de sanctions scolaires, mais beau-
coup de travaux de groupe.
Le directeur du Cnam le choisit
comme adjoint en 1967, probable-
ment pour contrer les critiques sur
les enseignements du Conservatoire
(cours magistraux le soir, durée du
cursus d’ingénieur...), face à des insti-
tutions à la pédagogie ouverte et à
des formations d’ingénieur concur-
rentes (Cesi…). À ce poste où il reste
presque quatre ans, il s’implique notamment dans le
développement de l’enseignement par la télévision.
Puis il dirige brièvement l’Infa, expérience politique et
managériale décevante, mais qui lui donne l’occasion de
publier le premier numéro de la revue
Éducation perma-
nente
. Il retourne au Cnam et réussit à mener dans cet
établissement, à fois traditionnel et novateur, ce qu’il n’a
pu faire à l’Institut national pour la formation des adultes
(Infa) qui avait été pourtant créé pour cela. On lui offre la
chaire de Sociologie de l’éducation et de la formation des
adultes. Il en demande peu après la requalification en
tant que chaire de Formation des adultes, érigeant pour
la première fois la discipline en champ universitaire à
part entière, débordant la sociologie au profit de toutes
les sciences humaines. Ses rapports avec ses collègues
professeurs ne sont pas toujours faciles, notamment
avec ceux qui voudraient imposer un habit en culotte et
bas de soie ou ceux, plus nombreux, qui «
faisaient de la
formation des adultes sans y voir un champ profession-
nel et scientifique spécifique
».
L’expérimentation de nouveaux modes de
transmission
Dans ses recherches, la notion de « pratiques » devient
centrale et il s’entoure d’enseignants-chercheurs-prati-
ciens, issus des meilleures écoles
d’ingénieur. Après le vote de la loi de
1971, l’urgence est de professionnali-
ser les acteurs de la formation. Au
Cnam, il expérimente de nouveaux
modes de transmission. Il a aussi une
activité de formation en entreprise et
dans les associations, sans négliger
de mener ses recherches sur tout le
processus de formation: de l’analyse
des besoins jusqu’à évaluation. Il a
l’idée d’un centre de documentation,
devenu aujourd’hui le Centre de
documentation sur la formation et le
travail.
Dans son « autoconstruction », pour reprendre un de
ses termes, Marcel Lesne se reconnaît «
agissant et
agi
» par les circonstances historiques : la guerre, la
décolonisation, l’essor de la formation des adultes qui
vient relayer le boom des trente glorieuses. Sans les évé-
nements d’Algérie, on peut imaginer qu’il aurait continué
à y mener à bien sa mission sociale, tout en continuant à
satisfaire sa curiosité d’ethnologue. Les aléas de son his-
toire auront contribué à libérer la formation des adultes
de son complexe académique… Une histoire qui se conti-
nuera avec Pierre Caspar, puis Guy Jobert et Vincent
Merle qui lui ont succédé à la tête de la chaire.
Arnaud Malgorn
Dans les archives du Cnam
Le Centre de documentation sur la formation et le tra-
vail (CDFT) du Cnam conserve l’ensemble des travaux
produits par Marcel Lesne tout au long de sa vie pro-
fessionnelle. Ils sont répertoriés dans la banque de
données bibliographiques du Centre et peuvent être
consultés sur rendez-vous.
Un fonds d’archives concernant Marcel Lesne est par
ailleurs déposé au CDFT et sera bientôt numérisé en
vue d’une meilleure accessibilité.
Cnam-CDFT – 2, rue Conté – Paris III
e
cdft.cnam.fr
Françoise F. Laot et Madeleine Maillebouis (coord.),
Marcel Lesne. Cheminement d’un théoricien de la
formation : souvenirs et rencontres
, L’Harmattan, Coll.
Histoire et mémoire de la formation, 2016.
