le cnam mag' #2 - page 13

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L
e transport aérien est l’un des modes de transport
les plus sûrs : selon l’
International Air Transport
Association
(IATA), en 2014, sur 38 millions de vols,
on déplore 73 accidents, dont 12 très graves, et 641
morts. Ceci comprend les événements tragiques des
vols MH370 et MH17. Sur 5 ans, le nombre de
jet hull loss
(perte irréparable de l’avion, dont la valeur doit être effa-
cée des bilans financiers de la compagnie) est passé de
0.86 à 0.23 par million de vols.
Les assureurs s’appuient en grande partie sur des don-
nées du passé pour quantifier les risques et faire leurs
prix. Lorsque l’on dispose d’un grand nombre de don-
nées, on utilise la statistique classique. Pour des risques
rares, cette dernière ne convient plus et il faut faire
appel à d’autres méthodes pour modéliser les deux
aspects du risque :
• l’ampleur du risque, exprimée ici par le coût de
ce dernier comme une variable aléatoire de
risque X, associée à une loi de probabilité qui
résume les connaissances disponibles sur le
coût du sinistre avant son observation ;
• le processus d’arrivée des sinistres dans le
temps (fréquence, période de retour...).
Pour un très petit nombre de données, il faudra res-
treindre le choix des lois de probabilité et de processus
d’arrivée à utiliser (lois extrêmes de Pareto pour les
ampleurs, processus de Poisson composés pour les arri-
vées…). L’actuaire devra alors calibrer les paramètres de
ces lois en s’appuyant sur le passé (
backtesting
). Une
fois les prix fixés, les assureurs provisionnent le montant
nécessaire pour couvrir les risques à venir. Et quand les
sinistres surviennent, ils en estiment le montant : si le
tarif a été bien calculé, le total des sinistres sera
couvert.
Dans le cas de catastrophes aériennes, le montant des
indemnisations dépend du nombre et de la catégorie
socio-professionnelle des passagers, et de l’endroit où le
sinistre a eu lieu. Le calcul consiste donc à évaluer le
montant des dégâts matériels, en faisant une estimation
des installations de la zone, et celui des décès et dom-
mages corporels (les blessés coûtant en général plus
cher que les personnes décédées). Par la suite, la
recherche des responsabilités et les propositions d’in-
demnisation par les compagnies aériennes amènent à
des flux complexes entre les acteurs.
Michel Béra
(qui remercie Florence Picard, présidente de la
commission scientifique de l’Institut des actuaires)
C
’est une question qui se pose régulièrement vis à
vis des grands acteurs mondiaux de l’Internet.
Les internautes européens ont en effet droit, en
application d’une directive européenne de 1995 (actuelle-
ment en voie de réforme), à un haut niveau de protection
de leurs données, y compris lorsqu’elles sont collectées
par des sites Internet américains. Suite à la publication
de la nouvelle politique de confidentialité de Facebook, la
Commission pour la protection de la vie privée de
Belgique a, par exemple, adopté le 13 mai 2015 une
recommandation dans laquelle elle s’inquiète des pra-
tiques du réseau social en matière de collecte de don-
nées – par le biais de cookies et de «modules sociaux».
Ces pratiques consistent à générer des revenus publici-
taires en traçant la navigation des internautes (sur le site
Facebook mais également sur des sites externes qui uti-
lisent un bouton Facebook « j’aime» ou «partager»). La
Commission relève notamment que Facebook ne
recueille pas l’accord préalable de chaque internaute
européen (par une case à cocher), alors que cela est
pourtant imposé par une directive de 2009.
En France, la Commission nationale de l’informatique et
des libertés (Cnil) vient également de confirmer, comme
cela avait été fait pour Google en 2014, la mise en œuvre
d’une action concertée de cinq pays européens afin de
vérifier les pratiques de Facebook en matière de confi-
dentialité. Plusieurs recours judiciaires ont d’ailleurs été
engagés sur ce sujet, par exemple en Autriche où plus de
25000 internautes se sont regroupés !
Sans attendre la suite donnée à ces recours, les inter-
nautes peuvent améliorer la protection de leur vie privée
en utilisant les fonctionnalités de leur navigateur ou de
modules complémentaires qui bloquent le ciblage publi-
citaire (
Privacy Badger
ou
Ghostery
par exemple). Ils
peuvent également suivre les conseils donnés par la
Commission nationale de l’informatique et des libertés
(cnil.fr) ou par le Mooc gratuit du Conservatoire national
des arts et métiers sur la loi informatique et libertés.
Guillaume Desgens-Pasanau
Comment les sociétés
d’assurances anticipent-
elles les risques liés aux
catastrophes aériennes?
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Facebook respecte-
t-il la vie privée des
internautes?
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