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La Fun aventure d’un Mooc
Nés outre Atlantique en 2011, les Moocs arrivent en France deux ans plus tard et occupent depuis la
scène médiatique. On s’est d’abord étonné que les établissements d’enseignement supérieur pro-
posent, l’un après l’autre, des cours gratuits ouverts à tous. On s’est ensuite enthousiasmé pour
l’engouement réservé à certains. Aujourd’hui, à l’heure des premiers bilans, on s’interroge sur leur
avenir à long terme, leurs utilités ou leurs modèles économiques. Avec une conclusion souvent par-
tagée : les Moocs, sans doute surinvestis d’attentes, ne seraient au final qu’un simple produit d’ap-
pel. Pourtant, celui d’Arnaud Fontanet nous raconte une toute autre histoire.
Formation
Découvrez une
sélection de moocs
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blog.cnam.fr
Actualités
En lançant en 2014, sur la plateforme France université
numérique (Fun), le premier Mooc francophone sur les
concepts et méthodes de l’épidémiologie, Arnaud
Fontanet, professeur du Cnam et directeur de l’unité
d’épidémiologie des maladies émergentes de l’Institut
Pasteur, a plus que touché un large public. Il a surtout
trouvé son public.
D’une part, l’analyse
a posteriori
des
personnes l’ayant suivi montre que
50 pays étaient représentés dont de
nombreux pays d’Afrique subsaha-
rienne (Cameroun, Sénégal, Côte
d’Ivoire, Madagascar…) et du Maghreb (Algérie, Tunisie,
Maroc…).
D’autre part, Arnaud Fontanet a pu identifier parmi les
inscrits bon nombre d’étudiants en formation initiale, de
niveau bac+3 ou bac+4, souhaitant acquérir des
connaissances dont de brillants élèves. Sur les 18%
d’inscrits ayant passé l’examen final, certains ont en
effet obtenu d’excellents résultats.
Enfin, il a recensé de nombreux professionnels de la
santé, «
présences inattendues
» précise-t-il. Grâce à
son contenu – quintessence du cours d’épidémiologie du
mastère spécialisé de santé publique – et à son format
court – guère plus de 15 minutes par jour–, les praticiens
ont trouvé dans cet enseignement
online
un moyen de
s’approprier des concepts et des méthodes puis de les
intégrer directement à leurs activités quotidiennes.
Forts de ces constats, les Moocs pourraient ainsi deve-
nir un puissant levier d’innovations pédagogiques pour
la formation continue. Et pourquoi pas une chance pour
le Cnam de s’affirmer plus encore dans sa mission de
formation tout au long de la vie .
Une voie pour recruter à l’international
Les Moocs offrent aussi une autre voie de développe-
ment qu’Arnaud Fontanet a eu l’idée d’emprunter en pro-
posant aux 7 000 inscrits la possibilité de suivre une
formation plus complète en santé publique.
Le principe est simple. Les candidats sont invités à pas-
ser un examen en ligne, le 15 juin prochain, en partie
basé sur les enseignements du Mooc. Les meilleurs
d’entre-eux, après l’étude de leurs dossiers et
curiculum
vitae
, passeront ensuite un entretien sur Skype. À l’issue
de ces épreuves, les candidats retenus pourront bénéfi-
cier d’un
short track
, raccourci pour
intégrer la spécialité risque infec-
tieux du mastère spécialisé de santé
publique de l’École Pasteur-Cnam.
Ils obtiendront en outre une bourse
d’études.
Comme le souligne le co-fondateur de l’École Pasteur-
Cnam, «
si cette opération, lancée à titre expérimental,
réussit, elle permettra de faire venir dans une filière
d’excellence les étudiants francophones à haut potentiel
aujourd’hui encore peu nombreux
». Car, si le Mooc a
considérablement augmenté la visibilité de la formation
en doublant le nombre de pré-inscriptions, il n’en reste
pas moins qu’aujourd’hui encore « 
il rate un peu sa
cible
». Parmi les huit auditeurs africains retenus en
2014, sur un total de 24 étudiants, seuls trois ont en effet
pu financer leur formation.
Ainsi, si ce Mooc reste Fun, il s’avère être bien plus. C’est
aujourd’hui un support pédagogique, matière à discus-
sion entre les enseignants et étudiants de santé publique
de l’Université de Phnom-Penh. Ce sera demain un
moyen de recruter et de former une élite francophone
travaillant dans les pays du Sud. Et, à plus long terme, il
pourrait aussi, comme l’affirme Arnaud Fontanet,
«
ouvrir la voie à une autre forme de collaboration plus
poussée entre universités
».
CL
Ce sera demain unmoyen de
recruter et de former une élite
francophone travaillant dans
les pays du Sud.
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