le cnam mag' #2 - page 21

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Enquête
L’ouverture sociale :
pour d’autres excellences
Importance démesurée des diplômes, âpreté d’une sélection scolaire basée sur des critères princi-
palement académiques, inégalités d’accès aux formations en fonction du milieu social : les obstacles
ne manquent pas sur la route qui mène de la formation à l’emploi. Quelles réponses apporter aux
jeunes en situation de fragilité? En tant qu’innovateur social, le Cnam a décidé de s’ouvrir à d’autres
profils et à d’autres pédagogies.
Le lien entre formation et employabilité, dans la France
d’aujourd’hui, est paradoxal: des bac+5 peuvent occuper
des emplois faiblement qualifiés et sans devenir, tandis
que les titulaires d’un diplôme professionnel trouvent
parfois des emplois sans grand rapport avec le métier
qu’ils ont appris. Face à cette situation, le Cnam choisit
de mener une politique d’ouverture sociale ambitieuse.
Mais que recouvre cette expression?
«
Le Conservatoire défend depuis son origine la promo-
tion sociale, au travers de la formation supérieure
»,
explique Thibaut Duchêne, directeur du réseau de la
réussite Vincent-Merle du Cnam. «
L’ouverture sociale,
c’est autre chose, c’est aller au-devant de publics en dif-
ficulté dans leur poursuite d’études, dans leur insertion
professionnelle et créer les conditions de leur réussite
».
Les décrocheurs, les mésorientés, tous ceux éloignés
des études supérieures ou qui ont des difficultés à y
entrer sont ainsi ciblés, afin d’améliorer leur poursuite
d’études et au final leur insertion sur le marché du tra-
vail. Le cas des bacheliers professionnels est particuliè-
rement parlant. Si 60% d’entre eux souhaitent réaliser
des études supérieures, seuls 30% s’y inscrivent effecti-
vement, et les taux de réussite en première année sont
très bas : entre 0 et 4% selon les filières.
Du bac pro à la licence
Amener ces bacheliers, grâce à un accompagnement et
des méthodes pédagogiques adaptées, vers une licence
générale en management ou en sciences industrielles,
c’est l’objectif de l’École Vaucanson, installée aux portes
de Paris sur le site du Landy à Saint-Denis.
Pierre Rieben, son directeur, nous rappelle «
qu’à l’ori-
gine du projet, il y a d’une part le constat que les études
supérieures constituent pour les bacheliers profession-
nels comme un plafond de verre, d’autre part la volonté
de revaloriser la filière professionnelle
». L’École
accueille donc des bacheliers à fort potentiel et motivés
par la poursuite d’études. Objectif : accéder à des
emplois qualifiés, ou s’engager dans un deuxième cycle
de formation supérieure. Après 5 ans d’existence, « 
le
dispositif fonctionne très bien. Il y a parfois des préjugés
mais qui disparaissent vite parce que nos jeunes ont des
profils très intéressants pour les entreprises
» assure
Pierre Rieben.
Hélène, 21 ans, en dernière année de licence, avait aussi
des réticences envers l’image d’une « 
licence au rabais,
pas assez spécialisée
». Mais elle a très vite changé d’avis
et vante maintenant «
sa montée en compétences
» et
surtout « 
l’expérience professionnelle accumulée grâce
aux périodes en entreprise
». Car, parmi les points forts
de la formation, il y a l’alternance : des périodes de cours
et de mises en situation professionnelle se succèdent
tout au long des trois années de formation. Et, comme le
rappelait notamment le Conseil d’analyse économique
(CAE) dans une note publiée le 7 janvier 2015 « 
l’alter-
nance joue un rôle clé pour insérer dans l’emploi des
jeunes pas ou peu diplômés
». De plus, comme le précise
Pierre Rieben, « l
e système de formation de l’apprentis-
sage permet d’atteindre l’équilibre financier, grâce à la
taxe d’apprentissage et à la subvention de la Région
»,
tout en augmentant l’indépendance financière des
étudiants.
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