le cnam mag' #2 - page 23

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Trois question à...
Existe-t-il un profil-type de l’étudiant qui intègre le
Projet orientation solidarité?
Ce projet apporte une réponse à des jeunes en difficul-
tés, mal orienté, qui n’arrivent plus à se projeter dans
l’avenir. Ce sont des étudiants qui n’ont pas réussi leur
orientation, qui l’ont choisie par défaut ou qui ne se sont
pas adapté au rythme de l’université. Ils manquent aussi
souvent de confiance en eux, ou peuvent avoir eu des
problèmes personnels, de santé, ou de financement, qui
les ont perturbés dans leurs études. Du coup, ils ratent
leur première année d’études dans le supérieur,
décrochent, ne finalisent pas leur formation et se
retrouvent démunis sur le marché du travail.
Un tiers environ vient de familles défavorisées. Il est par
ailleurs intéressant de remarquer que le bac général
n’est pas une garantie de réussite à l’université, puisque
plus de la moitié des étudiants de la première promotion
avaient un bac L, S ou ES. Et, à l’issue de la formation,
les débouchés sont très variés : IUT, école de kiné, réins-
cription à l’université, concours de la fonction publique,
école hôtelière, ou entrée dans la vie active.
La spécificité de la formation est d’intégrer une
période de service civique. Comment cela
fonctionne-t-il ?
Le premier semestre est constitué de 200 heures de
cours : communication interpersonnelle, techniques
d’expression orale et écrite, informatique, connaissance
de la réalité socio-économique… La présence à ces
cours est obligatoire, nous insistons beaucoup là-des-
sus. Beaucoup ont pris des mauvaises habitudes lors de
leur première année, ils ne venaient pas souvent ou
demandaient à d’autres de prendre leurs cours.
Le second semestre est consacré au
service civique, qui peut être effectué
partout en France. Certains se sont
intéressés au développement culturel
pour les jeunes, d’autres se sont
investis dans l’organisation d’évène-
ments pour l’association Rézo, qui
promeut un système non-marchand
d’échange de savoirs et de services.
Nous avons aussi deux étudiants qui
ont intégré des épiceries solidaires,
d’autres des postes d’accompagne-
ment aux personnes âgées…
Ces deux semestres sont évalués, grâce à des notes et
un carnet de route qui décrit le cheminement sur l’année
de l’étudiant. Mais la validation du DU n’est pas une fin
en soi, on met beaucoup plus l’accent sur la construction
d’un projet de formation ou professionnel.
Comment va évoluer le dispositif ?
Nous sommes en train de recruter 20 étudiants pour
l’année prochaine. Comme l’accent est mis sur le travail
en petit groupe et un suivi personnel important, nous ne
voulons pas augmenter cet effectif, malgré la demande
et ne plus pouvoir assurer la même qualité de formation.
Sauf à trouver d’autres sources de financement, qui
nous permettraient de mettre en place plusieurs promo-
tions sur un même territoire. Plusieurs démarches ont
été initiées auprès des financeurs et nous répondons
également à des appels à projets lancés par des
Fondations. Nous souhaitons de plus en plus impliquer le
monde de l’entreprise via des clubs d’entreprises comme
la fondation Agir contre l’exclusion (Face) avec laquelle
nous avons un partenariat en Alsace.
Le dispositif est aussi appelé à essaimer dans le réseau.
D’autres centres régionaux se sont montrés intéressés,
en Rhône-Alpes par exemple. Mais comme je l’ai dit,
c’est un dispositif innovant qui cherche encore ses
propres financements. Il faut donc démarcher des
mécènes, trouver des partenaires qui vont apporter
leurs compétences dans chaque région.
Propos recueillis par Victor Haumesser
Carole Schmitt est directrice adjointe du Cnam Alsace et responsable du programme Projet orien-
tation solidarité (POS). Cette formation en un an a accueilli une première promotion de 17 étudiants
à la rentrée 2013, puis 20 l’année suivante. En proposant des cours à l’Université de Haute-Alsace
et un service civique, elle offre aux décrocheurs la possibilité d’obtenir un diplôme d’université. Et
surtout de reprendre confiance pour repartir du bon pied dans un projet professionnel totalement
repensé.
Actualités
Les diplômés
de la première
promotion du POS
en Alsace.
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