le cnam mag' #2 - page 39

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360 degrés
Enfin, au niveau international, les pays développés ont
un intérêt à soutenir les pays émergents ou ceux en voie
d’émerger pour assurer leur développement. Mais, l’im-
portance des nouveaux pays émergents leur confèrent
aussi de nouvelles responsabilités, celles de la solidarité
qui ne peut plus être qu’une relation Nord-Sud.
Aujourd’hui, l’Afrique représente un continent d’avenir
du fait de l’abondance de ses ressources naturelles et de
sa forte et jeune population. De telles dispositions leur
permettraient d’augmenter leurs parts de marché à l’ex-
térieur synonyme de grandes entrées de devises. Par
ailleurs, en les soutenant, les pays développés pourront
permettre aux pays émergents d’assurer une certaine
stabilité politique et économique dans leurs régions.
Cette situation favoriserait une hausse du niveau de vie
de ces populations et limiterait les nombreuses vagues
d’immigrations clandestines que vivent actuellement les
pays développés.
Le rôle de l’éducation/formation
Le développement des systèmes éducatifs est le meilleur
moyen de mettre en œuvre cette solidarité. Plusieurs
raisons concourent à cette évidence. D’une part, la
croissance économique, nécessaire à l’émergence, sup-
pose la mobilisation de moyens financiers importants
capables de contrebalancer la pression démographique
sur le long terme. Les États ont besoin de disposer de
ressources humaines compétentes et qualifiées pour
exploiter les ressources naturelles, accélérer l’industria-
lisation du pays ou améliorer la qualité des services
offerts.
En outre, les jeunes de 10 à 24 ans représentent près de
31% de la population en Afrique
1
. Cette jeunesse mieux
préparée et formée conduira le développement des pays.
Des efforts considérables seront de ce fait nécessaires
pour une meilleure adéquation de la formation reçue par
ces jeunes avec les demandes du monde du travail. À
titre d’exemple, selon un rapport de l’Organisation inter-
nationale du travail de 2011 «
en Égypte environ 1,5 mil-
lion de jeunes sont sans emploi quand dans le même
temps les entreprises du secteur privé ne parviennent
pas à pourvoir 600 000 postes vacants
»
2
. Par ailleurs,
les moyens limités octroyés à la recherche ne per-
mettent ni d’améliorer significativement le rendement
des cultures agricoles ou la compétitivité des services ni
d’améliorer les conditions de travail de certains emplois
jugés peu attractifs du fait de leur pénibilité.
L’éducation joue également un rôle majeur dans la mise
en œuvre d’une transition démographique. Celle-ci
conduit à un accroissement des revenus par le biais d’un
faible taux de dépendance des ménages et une améliora-
tion de la qualité des services éducatifs engendrée par la
baisse de la pression démographique. Dans ce domaine,
les pays émergents d’Asie ont tiré un profit significatif de
leur dividende démographique, alors qu’en Afrique la
persistance d’une fécondité relativement élevée compro-
met cet avantage. La forte proposition de jeunes désœu-
vrés est une bombe à retardement de contestations.
C’est ce qu’a montré une étude réalisée par la banque
mondiale et citée dans le magazine
Afrique renouveau
indiquant qu’«
environ 40% de ceux qui rejoignent des
mouvements rebelles se disent motivés par le manque
d’emploi
»
3
. L’éducation des populations s’accompagne
aussi d’une meilleure résilience du pays face aux diffé-
rents chocs.
L’éducation des jeunes et leur insertion professionnelle
permettent ainsi une meilleure gestion des relations
avec les populations étrangères et devrait permettre de
réduire considérablement les flux d’immigration obser-
vés vers les pays développés, en réduisant leur attracti-
vité. Sur la question des transferts de technologie, la
formation est un facteur favorable à la maîtrise de ces
outils mais également de les vulgariser auprès des pays
africains émergents. Ces derniers pourront, à leur tour,
servir de relais pour les autres pays.
Que retenir ?
L’éducation constitue un pan important dans le proces-
sus d’émergence des pays africains. Elle permet la crois-
sance économique tout en créant un environnement
propice à l’expression d’une certaine solidarité tant au
niveau national qu’international garantissant sa
durabilité.
L’investissement dans l’éducation doit donc être une
priorité pour les pays aspirant à l’émergence. Il doit s’ac-
compagner de mesures permettant une meilleure inser-
tion professionnelle des jeunes, notamment une
meilleure adéquation formation/emploi, formation à
l’entreprenariat, ainsi que la mise en œuvre de pro-
grammes de recherche. Il doit intégrer des composantes
capables de sensibiliser sur des expressions telles que
l’intérêt général, la bonne gestion du bien public, l’inté-
gration régionale et la planification familiale.
Il concerne aussi bien les jeunes que les personnes
adultes insérées professionnellement ou pas afin de ren-
forcer leurs capacités et leurs compétences, au regard
des besoins de la collectivité et des employeurs. Il
débouche enfin sur la constitution d’une élite capable de
créer, où à défaut, de maîtriser et d’adapter une innova-
tion technologique et de pouvoir la vulgariser.
Koffi N’Guessan
Le Cnam en Côte d’Ivoire
Partenaire depuis
1975 de l’Institut
national polytech-
nique Houphouët
Boigny (INP-HB),
par le biais de
l’Institut national des techniques économiques et
comptables (Cnam-Intec), le Cnam signe en 2013 une
convention-cadre avec les autorités ivoiriennes, et s’en-
gage dans une démarche d’appui à la formation profes-
sionnelle, facteur de développement économique et
social. Cette convention crée le centre INPHB-Cnam
Côte d’Ivoire, qui propose des formations en agroali-
mentaire, maintenance industrielle, entrepreneuriat et
bâtiment et travaux publics (BTP). Le Cnam accom-
pagne ainsi le gouvernement ivoirien dans son objectif
de faire du pays une nation émergente en 2020, et
contribue à l’essor de cette partie du continent, ouvrant
ces formations aux ressortissants des pays membres
de la Communauté économique des États de l’Afrique
de l’Ouest (Cedeao).
1:
Population
Reference Bureau
,
2013.
2:
Key Indicators
of the Labor
Market
,
7
e
édition, Bureau
international du
travail.
3:
Afrique
Renouveau,
mai
2013
1...,29,30,31,32,33,34,35,36,37,38 40,41,42,43,44,45,46,47,48,49,...52
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