le cnam mag' #2 - page 32

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mag'
«Je ne joue pas, je travaille !»
L
’équation est simple : 1 chercheur en informatique
+ 1 chercheur en bio-informatique x 2 passionnés
de jeux vidéo =
Udock,
un
serious game
sur la bio-
logie structurale qui fera de vous un spécialiste du
doc-
king
de protéines et d’eux, des chercheurs riches en
données. Pour le joueur,
Udock
consiste en effet à avoir
sous les yeux deux formes complexes représentées en
3D qu’il va falloir assembler. Pour cela, il utilisera des
petits grappins permettant de les arrimer l’une à l’autre.
Une fois cette tâche cognitivement intense effectuée, il
pourra se détendre en voletant en vaisseau autour de
cette nouvelle forme qu’il vient de créer.
Pour le scientifique, l’un des objectifs des jeux
sérieux est la récupération de données, matière
première qui, après tri, validation et analyse,
permettra de tirer des conclu-
sions et des enseignements.
Avec
Udock
, il pourra ainsi
voir si deux protéines sont
assemblables et, le cas
échéant, comment elles se
combinent et interagissent.
Les protéines, qui sont l’une
des bases biologiques du
vivant, fonctionnent en effet
comme un véritable puzzle dynamique qui ne
cesse de changer de forme. C’est le fonctionne-
ment de cette machine biologique complexe, faite de
réactions en chaîne et en perpétuel mouvement, que les
biologistes cherchent à comprendre. Et si la recherche
sur les protéines existe depuis longtemps, l’informatique
l’a révolutionnée permettant de valider des résultats
déjà existants ou d’accélérer de façon considérable les
recherches en ce domaine et ce, pour un coût financier
beaucoup moins élevé.
Repenser la notion d’outil
D’un point de vue plus philosophique, les jeux sérieux
nous interrogent enfin sur nos façons de penser le jeu et
l’outil. Les frontières de leurs définitions se brouillent et
leurs fonctions s’entremêlent. Contrairement à l’outil tel
que nous le pensons traditionnellement,
Udock
, créé
dans le but d’effectuer une tâche bien précise, ne
demandera pas à l’humain de s’adapter à lui. Dès sa
conception, il aura été pensé en termes d’interactivité ou
d’ergonomie : un outil amusant et agréable à utiliser. Un
jeu, donc ! Quant au « sérieux », il est plus facile de
mettre le doigt dessus car lors de la conception, toutes
les protéines ont été modélisées. Il n’a pas été question,
par exemple, d’écarter des formes trop complexes à
simuler et c’est précisément en cela que tient la validité
scientifique de ce projet.
Udock
et la démarche de nos deux
chercheurs ont été validés par
des articles scientifiques et
récompensés par deux prix au
concours
International game
competition for education
and research
. Aujourd’hui, en
plus d’être une mine d’infor-
mations pour les chercheurs,
il est utilisé comme outil
p é d a g o g i q u e p a r d e s
enseignants.
Enfin,
Udock
est un projet
représentatif de la recherche au
Cnam dont les équipes, souvent
petites, travaillent sur des projets
d’envergure et font de l’interdisciplinarité une source de
réussite.
DT
L’un, Guillaume Levieux, est informaticien, chercheur au Centre d’études et de recherche en infor-
matique et communications (Cedric) et enseignant au Cnam-Enjmin. L’autre, Matthieu Montes,
est enseignant-chercheur au sein du laboratoire de Génomique et bio-informatique (GBA) et vient
d’obtenir un important financement du Conseil européen de la recherche. Binôme sur-efficace de
la recherche au Cnam qui s’est rencontré au détour d’un couloir, voilà deux ans qu’ils travaillent et
développent le projet
Udock
.
Devenez vous aussi
un spécialiste
du
docking
de
protéines sur
udock.fr
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