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vu d’ailleurs
L’émergence dans la solidarité
La question de l’émergence prend une place de plus en importante dans les pays africains qui ambi-
tionnent d’entrer, à l’horizon de 5 ou 10 ans, dans cette catégorie. La Côte d’Ivoire, par exemple,
s’est fixé pour objectif 2020, le Cameroun 2035. Récemment, une conférence internationale sur
l’émergence de l’Afrique, regroupant des acteurs et partenaires de développement en provenance
d’Afrique, d’Amérique Latine, d’Asie et d’Europe s’est tenue à Abidjan et a connu un grand succès.
L
es pays émergents connaissent une croissance
économique rapide et disposent d’un niveau de vie
ainsi que de structures économiques convergents
vers ceux des pays développés. Pour atteindre ce stade,
ces pays ont mis en place des programmes d’investisse-
ment dans des secteurs diversifiés et remplissent des
conditions d’ouverture économique, d’éducation et de
stabilité politique. Parmi ces conditions, la solidarité,
l’une des valeurs qui semble la plus partagée sur le conti-
nent africain, paraît indispensable. Elle découle de la
nécessité d’un environnement de croissance durable. La
durabilité de la croissance exige en effet un environne-
ment propice, exempt de chocs majeurs aussi bien au
niveau interne qu’externe. La solidarité peut, dans ce
sens, intervenir à plusieurs niveaux.
Au niveau national, la solidarité vise une équité dans les
capacités offertes aux populations ainsi que dans la
répartition des richesses générées. En effet, une inéga-
lité trop prononcée dans la répartition des richesses
d’un pays retarde le processus global de l’émergence.
Elle est aussi susceptible d’augmenter considérablement
le risque de soulèvement des populations les moins favo-
risées et peut annihiler les efforts économiques
déployés. Le chômage des jeunes, la défiance face à des
autorités corrompues, l’analphabétisme sont autant de
causes qui ont conduit à de récents soulèvements dans
certains pays africains. Les États doivent donc intégrer,
dans leurs plans de croissance, des mécanismes effi-
caces de lutte contre les inégalités en faveur des per-
sonnes défavorisées afin d’éviter que les effets
bénéfiques de l’émergence ne profitent qu’à un seul
groupe de personnes, au risque d’être remis en cause.
La redistribution de cette richesse concerne par
exemple l’amélioration des conditions de travail des
ouvriers, un accès gratuit aux soins pour les personnes
les plus vulnérables ou l’encadrement des jeunes qui ne
parviennent pas à s’insérer sur le marché de l’emploi. Il
s’agit, en définitive, de développer les infrastructures
sociales pour améliorer les conditions de vie de ces
populations.
Au niveau régional, la solidarité se constate entre les dif-
férents pays. Il ne s’agit plus de vivre de façon cloisonnée
ou d’être un îlot de richesses dans un océan de misère.
Les tensions intervenues récemment entre États voisins
sur le partage des ressources naturelles (eau, terre,
pétrole, etc.) ou les pics de violences xénophobes en sont
des illustrations patentes. En effet, les pays qui sont sur
la voie de l’émergence gagnent à aider leurs voisins à
dynamiser leur développement économique. De même,
les peuples qui possèdent certaines ressources natu-
relles en abondance doivent les partager avec leurs voi-
sins. En favorisant de tels partenariats, les pays
émergents pourront améliorer leurs relations au sein de
la sous-région et accroître leurs échanges commer-
ciaux. Cette situation leur permettrait d’accéder à un
important marché sous régional qui améliorerait encore
plus leur croissance économique. Aussi, l’émergence
d’un pays basée uniquement sur ses changements sans
tenir compte de la situation économique des pays voisins
pourrait être fragilisée par les crises économiques et
politiques récurrentes ainsi que par les vagues d’émigra-
tion ou les montées de violences transfrontalières qui
pourraient en découler.
