le cnam mag' #2 - page 28

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Vu d’ici... avec Stéphane Natkin
Les jeux vidéos vont disparaître
parce qu’ils seront partout !»
L’économie numérique ne cesse de croître partout dans le monde, elle a d’ailleurs engendré la
création de plus d’un million d’emplois en moins de vingt ans en France. Mais quelle est la formule
magique du secteur, si formule il y a ? Eh bien, elle tient en un seul mot : innovation ! Il faut innover
pour grandir, innover pour prospérer, innover pour résister face à la concurrence acharnée. Et dans
ce domaine, croyez-le ou non, vous n’avez encore rien vu…
Vous êtes professeur du Cnam et un spécialiste
reconnu dans les jeux vidéo et les applications
multimédias. Comment définiriez-vous les nouveaux
médias interactifs?
C’est une question complexe... Considérons une adoles-
cente qui vit entre son mobile, sa télévision, son ordina-
teur et, si elle en a une, sa tablette avec lesquels elle
interagit simultanément. Appelons là, comme Michel
Serres, Petite Poucette.
Petite Poucette rêve de commander sa montre commu-
nicante, liée à ses baskets intelligentes mais aussi à tout
le Web et à tous ses amis. Elle construit avec eux des uni-
vers virtuels en utilisant des jeux comme
Minecraft
et
cherche des objets dans la ville réelle sur la cartographie
Google ou via des applications
comme
Geocaching
. Elle a utilisé
des jeux localisés pour visiter des
musées (Plug au Musée des arts et métiers par exemple)
ou pour trouver en temps réel une pizzeria à son goût.
Elle suit et réagit à l’actualité sur le Web et, outre sa page
Facebook, elle a son blog. Si elle est politiquement moti-
vée, elle connaît les résultats des élections deux heures
avant ses parents, suit et tweete méchamment sur ses
têtes de turc. Elle a, à tout instant et partout, accès de
façon plus ou moins légale à la plus grande bibliothèque,
sonothèque, vidéothèque... qui aient jamais existées.
Lorsqu’elle a un problème à résoudre, que ce soit com-
ment réparer son scooter ou la solution d’une équation,
elle peut demander l’aide de tous ceux qui, dans le
monde, ont été ou sont confrontés au même problème.
Elle a même commencé à regarder le Mooc de Cubaud
et Natkin sur les médias interactifs, mais a arrêté au
bout de deux séances parce que le
trailer
était plus drôle
que les cours...
Pensez-vous que dans dix ans cette adolescente regar-
dera la télévision, celle avec une seule image et un seul
écran ? Lira-t-elle des journaux et des livres électro-
niques en tournant les pages sur l’iPad 24, singeant ainsi
la lecture d’un livre papier ? Fera-t-elle de la politique en
distribuant des tracts sur les marchés le dimanche ?
Sera- t-elle encore sensible à la publicité de masse unidi-
rectionnelle ? Visitera-t-elle musées et monuments
conduite par un guide qui répète inlassablement le
même discours ? Pilotera-t-elle sa maison, son auto, sa
ville intelligente avec un clavier ou un tableur ? Et si
Petite Poucette devient professeur au Cnam, donnera-
t-elle encore des cours magistraux
ex cathedra
, sans tenir compte en
temps réel des réactions et de la
participation de son auditoire sur Twitter ou son équiva-
lent en 2025? De toute évidence, la réponse à toutes ces
questions est déjà non et les médias interactifs numé-
riques en cours de définition, déterminerons les com-
portements de Petite Poucette dans toutes ces
situations.
Les jeux et applications multimédias sont un
domaine en perpétuelle évolution. Comment
qualifieriez-vous les nouveaux usages des jeux
vidéos?
Avec un brin de provocation, je dirais que les jeux vidéos
vont disparaître... parce qu’ils seront partout ! L’univers
du jeu vidéo a changé depuis le milieu des années 2000
«
Le joueur occasionnel n’est plus
un adolescent boutonneux.
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