Le cnam mag' #4 - page 31

mag'
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Grand angle
Comment managera-t-on
demain?
Demain, chacun aura di”érents rôles (animateur, expert, tuteur, formateur, consultant, influen-
ceur, communicateur…) dans di”érents écosystèmes de travail (l’entreprise, la plateforme, l’asso-
ciation, les communautés de pratique, les organisations de temps partagé...). Manager ne sera plus
un métier mais un savoir-faire indispensable pour réussir à s’intégrer et participer à un travail col-
lectif et collaboratif en présentiel comme à distance.
C
omment travaillera-t-on demain? Envisager cette
question est indispensable tant le numérique
transforme le rapport au travail, les comporte-
ments des collaborateurs et le rapport aux savoirs.
L’analyse des signaux faibles qui se dessinent aujourd’hui
dans ces trois domaines permettent de proposer des
scénarios, certes perfectibles, mais structurants.
Un rapport au travail fondé sur plusieurs «contrats
psychologiques»
Le modèle du contrat de travail issu de l’ère industrielle
et symbolisé par le CDI reposait sur un cadre très struc-
turé : une entreprise, un volume horaire, une carrière et
un métier. Avec la crise et le numérique, ce schéma vole
en éclat et deviendra exceptionnel (sauf dans des entre-
prises à capital familial qui recherchent la stabilité et la
pérennité de leurs employés). Aujourd’hui, force est de
constater que dans la plupart des pays industrialisés, le
nombre de CDI (contrat réputé stable) diminue au profit
de nouveaux statuts et types de contrats, considérés
comme plus instables (du point de vue des droits) ou
plus entrepreneurial (du point de vue de la nature du tra-
vail). Il faut s’attendre à trois tendances de fond : les indi-
vidus auront simultanément plusieurs employeurs
(fonctionnaire et autoentrepreneur, CDI et
digital labor
,
intérimaire et
free-lance
...), la durée de leur statut (quel
qu’il soit) et des différents contrats psychologiques sera
plus courte car ils en changeront plus souvent.
Dans un futur proche, travailler ne signifiera plus ren-
trer dans une structure pour délivrer un travail réalisé
dans un cadre horaire, pécunier, hiérarchique. Travailler
signifiera bâtir une relation de service avec un ou plu-
sieurs employeurs, développer sa marque personnelle
pour être repéré et employable, anticiper les compé-
tences humaines qui seront recherchées à moyen terme.
Des comportements de collaborateurs qui
plébiscitent l’expérimentation et sa reconnaissance
L’entreprise hiérarchique ou matricielle traditionnelle
reposait sur les règles de l’obéissance hiérarchique au
manager et sur la réalisation d’objectifs négociés avec
celui-ci. Les nouvelles formes de travail reposent sur des
modèles organisationnels à structure aplatie où la déci-
sion se veut partagée et co-construite par les collabora-
teurs ou avec les partenaires externes. Dans ce type de
configuration, la valeur ajoutée du collaborateur repose
sur ses propositions consensuelles et opérationnelles.
Dans une logique de management agile, les bonnes déci-
sions se prennent là où se trouve l’information et ce qui
devient important, c’est de tester, d’expérimenter, de co-
créer avec le client pour avoir une proposition unique et
non plus de répondre uniquement à son besoin. Le rap-
port à la production passe par le « faire».
Dans un futur proche, travailler, signifiera être capable
de co-créer, de se tromper mais d’avancer, vite avec ses
clients, ses collaborateurs, ses communautés.
Prototyper vite avec les utilisateurs dans une logique
d’usage et non plus de production de masse, analyser
avec les
soft data
la performance et les coûts cachés,
valoriser le « faire » avec les réseaux sociaux et les
influenceurs, pourront constituer les trois axes fonda-
teurs de tout travail.
Un rapport aux savoirs fondé sur la curation et la
co-création
Jusqu’à présent, apprendre signifiait intégrer des
connaissances proposées par des formations (assimila-
tion) et les mettre en applications dans des situations
similaires (restitution) à celles enseignées. Les nouvelles
formes d’apprentissage (Moocs, classes inversées,
lear-
ning by doing
...), remettent en cause ce modèle.
Dans un futur proche, la mode ne sera plus à apprendre
mais à désapprendre car l’infobésité, la surcharge
cognitive et la rapidité des connaissances générées par
les ordinateurs dépasseront la capacité d’absorption
d’un cerveau humain. Donc travailler efficacement signi-
fiera «penser autrement » : être créatif, organisé, cura-
tif, disruptif et influent dans des communautés.
Par
Cécile
Dejoux
Pour aller plus
loin, suivez sur la
plateforme FUN la
troisième saison du
Mooc
Du manager
au leader agile
!
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