le cnam mag' #1 - page 27

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lors d’un changement d’employeur. Là, il y a un saut qua-
litatif. Une fois que les gens se seront approprié le dispo-
sitif, ils vont savoir qu’ils ont un compte personnel qui va
les suivre.
Mais, ça reste un pari : c’est un dispositif unique au
monde. La généralisation d’un compte personnel pour la
formation, aucun autre pays n’a fait ça. Et, c’est cette
généralisation qui va faire la différence, c’est en tout cas
ma conviction.
Comment cette réforme va-t-elle profiter aux publics
qui tirent le plus de bénéfices des actions de
formation, à savoir les chômeurs, les précaires, les
employés les moins qualifiés, ceux à temps partiel ?
Il est vrai que le système fait que l’on reçoit au prorata de
ce que l’on travaille. Mais rien n’empêche, demain, qu’il y
ait d’autres abondements. Par exemple, qu’un conseil
régional décide d’accorder, pour des gens qui ont trois
ans de chômage, un crédit supplémentaire de
300 heures. La logique de la réforme, c’est de créer un
outil pour les collectivités locales, pour les services de
l’État. À eux de s’en emparer pour la sécurisation des
parcours professionnels.
Beaucoup d’entreprises, notamment les plus petites,
expriment leurs inquiétudes et leurs doutes à assurer
les entretiens tous les deux ans et les bilans tous les
six ans. Comment les rassurer?
Nous avons pris soin de ne pas formaliser l’entretien
professionnel. Nous envoyons juste le message que tous
les 24 mois, tout salarié devra avoir un échange pour
faire le point en matière de formation. Ce qui est parfois
mal compris, c’est que cet entretien n’est pas un entre-
tien d’évaluation. Ça doit être un entretien positif, de co-
investissement. C’est une vraie question de principe et
c’est l’idéal qui est visé. De plus, les deux parties ont inté-
rêt à le faire : pour le salarié, c’est l’opportunité de faire
des propositions, et pour l’employeur de s’améliorer sur
certains points. Enfin, seul le bilan des six ans peut don-
ner lieu à une pénalité, et seulement si deux conditions
sur trois, dont l’entretien professionnel, ne sont pas
remplies.
Cette réforme impulse la nécessité de gagner en
qualité de formation. Va-t-on assister à des
changements dans ce domaine?
J’y crois, et le meilleur outil de qualité, c’est le CPF lui-
même. Les gens vont se l’approprier et réaliser que c’est
leur argent. À ce moment, ils vont compter chaque heure
et être beaucoup plus exigeant vis-à-vis des formations.
Au final, l’enjeu de cette année, c’est cette mutation
énorme. L’effet qualité va jouer immédiatement et élimi-
ner beaucoup de formations non certifiantes, et les
organismes de formation vont devoir s’adapter. Dans ce
domaine, le Cnam a un coup d’avance.
Propos recueillis par Victor Haumesser
Sur le compte pénibilité...
«Je vous rappelle aussi [que le CPF] sera couplé, pour
deux millions de salariés, au compte pénibilité. Les
points du compte pénibilité se convertiront en heures
de formation, et les 20 premiers points, ce qui repré-
sente en moyenne cinq ans, seront obligatoirement uti-
lisés sous forme de 500heures de formation, sauf pour
les plus de 55 ans. »
Sur l’évaluation de la qualité des formations...
«Des outils sociaux d’évaluation vont apparaître, sur le
modèle de ce qui se fait pour les hôtels, type
Formation
Advisor
 ! Des gens sont prêts à lancer ça. J’en étais
moi-même surpris, mais j’ai vu les applications.
Toutefois, pour le moment il n’est pas encore prévu
qu’elles soient connectées avec le compte. »
Grand angle
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